Dude Rates Movies

Tenet

E
Poster of the movie
Christopher Nolan | 2020 | UK, USA
Sunday 30 August 2020

"Don't try to understand it"

"Don't try to understand it." Voilà la phrase prononcée par le personnage joué par Clémence Poésy lorsqu'elle explique au protagoniste le concept principal du film. Le protagoniste considère alors la notion d'un œil curieux, et, comprenant qu'il va devoir utiliser son intuition plutôt que son raisonnement, répond "Instinct. I can do that." Cette échange résume à peu près l'échange implicite qui a lieu entre Christopher Nolan et les spectateurs de Tenet lorsqu'ils se retrouvent soumis aux scènes du film qui génèrent une confusion extrême par les bizarreries conceptuelles qu'elle renferment.

L'échec de ma première vision de Tenet s'est échafaudé en 3 étapes. La première étape fut de ne pas comprendre la logique des scènes que je voyais à l'écran, car elles font appel à un concept avec lequel il est compliqué de se familiariser. La deuxième étape fut de réfléchir aux scènes que je venais de voir auparavant pour mieux les comprendre, ce qui me laissait alors déconcentré pendant les dialogues faisant avancer l'intrigue (que je n'arrivais donc à suivre que par bribes). Enfin, la dernière étape fut de réfléchir plus profondément au concept principal dans mon lit une fois de retour chez moi, et de me rendre compte qu'il déclenche de nombreux paradoxes que le film ne résout pas forcément de manière satisfaisante dans les scènes concernées.

Malgré l'aspect paradoxal inhérent à la notion de manipulation du temps, je ne suis généralement pas réfractaire aux films sur le sujet. Les films les mieux construits arrivent à générer chez la plupart des spectateurs une suspension d'incrédulité sur les paradoxes, en installant une espèce de logique qui a du sens lorsqu'on se met dans le bon état d'esprit. Je suis toujours preneur d'une vision de l'éternel Retour vers le Futur ou de l'excellent Predestination. Avec Tenet cependant, Nolan fait tout le contraire de cela : il nous présente le film d'une manière si peu intuitive que nous sommes obligés de réfléchir à ce que nous voyons, et donc de se confronter à la limite du concept à cause de ses paradoxes. Ou bien à profiter des scènes d'action sans trop chercher à comprendre et en faisant une confiance aveugle à Nolan sur le fait qu'il existe un niveau de compréhension où tout cela est bien cohérent (ce qui n'est pas spécialement intéressant en tant que spectateur).

La "Nolan touch" se rajoute au-dessus de tout ça, avec une mise en scène grandiose et une musique tonitruante (Hans Zimmer, travaillant sur Dune de Denis Villeneuve, a été remplacé par Ludwig Göransson, mais le style est très similaire et tout aussi envahissant). On a l'impression que la moindre chose filmée est d'une importance et d'une envergure considérables. Je me suis surpris à trouver ridicule l'utilisation d'une musique si énorme lors d'une scène d'action où on voyait juste le protagoniste accroché à un camion de pompier. Ok c'est relativement impressionnant, mais pas à ce point-là ! Quel abus ! Nolan rajoute de la musique sur son film comme quelqu'un rajouterait du sucre sur ses plats pour essayer de rendre tout et n'importe quoi exceptionnel. En soi, cela fait son petit effet et on passe un bon moment, mais lorsqu'on a compris l'astuce cela semble un peu creux.

Au-delà du concept de science-fiction au cœur du film, il y a l'intrigue. Je ne l'ai comprise que par bribes, mais j'en ai compris assez pour savoir que ce n'était pas ma tasse de thé. On a le droit à un riche dealer d'armes, à une organisation secrète mais puissante, à un plan démoniaque, et à une femme pour laquelle le protagoniste développe une certaine affection, et tout cela converge ni plus ni moins à un risque de troisième guerre mondiale (!!!) Nolan n'a jamais caché son envie de réaliser un James Bond, et on est en plein dedans, avec toutes les exagérations et les bêtises que cela inclus.

Bref, je vais sûrement passer encore quelques jours à réfléchir au concept principal et à la manière dont il s'intègre aux scènes du film, pour la satisfaction intellectuelle qu'il y a à étudier l'idée centrale du film et ses limites, mais je me vois difficilement revoir Tenet pour le plaisir de voir un bon film. C'est à peu près le même constat que j'avais eu lorsque j'avais vu Inception. Ce dernier comporte cependant de nombreux fans, et je n'ai donc pas de doute sur la fanbase que générera Tenet, et de tous les débats cinématographiques qui s'en suivront.

Monday 24 August 2020 (watched)

Unexperienced character: pointing out entropy reversal paradox. Experienced character: “you need to stop thinking in linear time.”

What about go fuck yourself.