Saturday 27 June 2020
(rewatched)
(uprated from A to A+)
Chacun a son film épique préféré. Pour la génération de nos parents, cela peut être 2001 l'Odyssée de l'Espace, Lawrence d'Arabie, ou Il était une fois dans l'Ouest. Pour la génération actuelle, la trilogie du Seigneur des Anneaux est probablement l'élue. En ce qui me concerne, mon épique favori est le remake de King Kong de 2005. Réalisé par Peter Jackson après les Deux Tours, ce long film de 3h a plus ou moins disparu de la culture populaire après un honnête succès au box-office. Et pourtant, à chaque nouvelle vision (je ne compte pas, mais je dirais que celle de la semaine dernière doit se trouver entre la cinquième et la dixième), je ressens toujours la même force d'appréciation que celle que j'ai eu lorsque j'ai vu le film la première fois au cinéma il y a 15 ans.
Cette appréciation, c'est d'abord celle d'une construction et d'une cohérence parfaites. King Kong fait partie de ces films qui prennent leur temps, mais qui ne brodent pas. Ainsi, toutes les scènes apportent quelque chose d'important à l'histoire, au divertissement, ou à la caractérisation des personnages. C'est simplement que ce développement est mené avec tant d'application, en bonne et due forme, que cela prend du temps. L'allure générale qui en ressort est une construction en trois actes, épique et parfaite. On ressort de l'histoire avec l'impression d'avoir vécu une longue aventure, avec un début, un milieu, et une fin, et que tout cela a été élégamment agencé et exécuté.
Cette aventure laisse un souvenir d'autant plus incroyable qu'elle est ponctuée de scènes d'action extraordinaires. Ce combat entre Kong et les V. Rex est tout bonnement un chef d'œuvre d'action. L'action est compréhensible. Nous n'assistons pas à des trucs qui explosent dans tous les sens où à des plans de 1 seconde rapidement coupés à chaque coup porté. Au contraire, Kong, Ann, les dinosaures ont chacun une place précise dans l'espace, et on suit avec une forte impression la bataille qui est menée.
Enfin, le développement du lien entre Ann et Kong est écrit de manière remarquable. Cette époque de récent confinement et de télétravail m'a permis de comprendre un aspect important de l'histoire que je n'avais pas saisi auparavant : Kong est seul. À moins que le film nous ai caché quelque chose, c'est le seul gorille géant sur cette île, et il est là, bloqué tout seul sans personne à qui parler ou avec qui se changer les idées. La population indigène semble lui offrir plus ou moins régulièrement des prisionnièr(e)s, mais sa primitivité lui empêche de saisir ces opportunités pour avoir de la compagnie, il préfère les tuer et les manger. Ann Darrow est différente, grâce à son esprit et sa personnalité, elle va réussir à le toucher pour développer un lien.
Le film se vante de manière assez subtil de la qualité de ce développement par rapport au développement médiocre dans le film original de 1933. Dans la scène où Kong est donné en spectacle à Broadway, une version reconstituée des événements de l'histoire est jouée par des danseurs sur scène et par une actrice blonde "quelconque", et cette reconstitution basique ressemble en fait de très près à la manière dont était faite la scène dans le film de 1933. Lorsqu'elle commence à jouer, l'actrice crie "oh sauvez moi" et crie de manière ridicule, et on s'afflige du manque de conviction et de texture de cette performance, tout comme on pouvait s'affliger du manque de personnalité pour le personnage d'Ann Darrow de 1933 (qui passe l'essentiel du film à crier). Notons que Peter Jackson est un fan absolu du King Kong original, et mon interprétation de cette scène ne correspond donc peut-être pas à son intention.
Une scène charnière du King Kong de 2005 est celle où Ann Darrow se retrouve face au dernier V. Rex survivant, et où Kong débarque derrière elle. À ce moment, Ann recule pour se réfugier sous Kong. Elle a "choisi son camp", et Kong baisse rapidement les yeux pour considérer cette action et constater qu'on lui accorde de la confiance et de l'importance (la motion capture à cet instant est parfaite). Imaginez un gros gorille seul sur son île depuis des années, primitif et aliéné, et qui voit soudain cette petite créature, une femme, lui accorder sa confiance, faire d'elle son gardien. Il n'y alors plus aucun doute sur la raison de son attachement à Ann.
Chacun a son film épique préféré. Pour la génération de nos parents, cela peut être 2001 l'Odyssée de l'Espace, Lawrence d'Arabie, ou Il était une fois dans l'Ouest. Pour la génération actuelle, la trilogie du Seigneur des Anneaux est probablement l'élue. En ce qui me concerne, mon épique favori est le remake de King Kong de 2005. Réalisé par Peter Jackson après les Deux Tours, ce long film de 3h a plus ou moins disparu de la culture populaire après un honnête succès au box-office. Et pourtant, à chaque nouvelle vision (je ne compte pas, mais je dirais que celle de la semaine dernière doit se trouver entre la cinquième et la dixième), je ressens toujours la même force d'appréciation que celle que j'ai eu lorsque j'ai vu le film la première fois au cinéma il y a 15 ans.
Cette appréciation, c'est d'abord celle d'une construction et d'une cohérence parfaites. King Kong fait partie de ces films qui prennent leur temps, mais qui ne brodent pas. Ainsi, toutes les scènes apportent quelque chose d'important à l'histoire, au divertissement, ou à la caractérisation des personnages. C'est simplement que ce développement est mené avec tant d'application, en bonne et due forme, que cela prend du temps. L'allure générale qui en ressort est une construction en trois actes, épique et parfaite. On ressort de l'histoire avec l'impression d'avoir vécu une longue aventure, avec un début, un milieu, et une fin, et que tout cela a été élégamment agencé et exécuté.
Cette aventure laisse un souvenir d'autant plus incroyable qu'elle est ponctuée de scènes d'action extraordinaires. Ce combat entre Kong et les V. Rex est tout bonnement un chef d'œuvre d'action. L'action est compréhensible. Nous n'assistons pas à des trucs qui explosent dans tous les sens où à des plans de 1 seconde rapidement coupés à chaque coup porté. Au contraire, Kong, Ann, les dinosaures ont chacun une place précise dans l'espace, et on suit avec une forte impression la bataille qui est menée.
Enfin, le développement du lien entre Ann et Kong est écrit de manière remarquable. Cette époque de récent confinement et de télétravail m'a permis de comprendre un aspect important de l'histoire que je n'avais pas saisi auparavant : Kong est seul. À moins que le film nous ai caché quelque chose, c'est le seul gorille géant sur cette île, et il est là, bloqué tout seul sans personne à qui parler ou avec qui se changer les idées. La population indigène semble lui offrir plus ou moins régulièrement des prisionnièr(e)s, mais sa primitivité lui empêche de saisir ces opportunités pour avoir de la compagnie, il préfère les tuer et les manger. Ann Darrow est différente, grâce à son esprit et sa personnalité, elle va réussir à le toucher pour développer un lien.
Le film se vante de manière assez subtil de la qualité de ce développement par rapport au développement médiocre dans le film original de 1933. Dans la scène où Kong est donné en spectacle à Broadway, une version reconstituée des événements de l'histoire est jouée par des danseurs sur scène et par une actrice blonde "quelconque", et cette reconstitution basique ressemble en fait de très près à la manière dont était faite la scène dans le film de 1933. Lorsqu'elle commence à jouer, l'actrice crie "oh sauvez moi" et crie de manière ridicule, et on s'afflige du manque de conviction et de texture de cette performance, tout comme on pouvait s'affliger du manque de personnalité pour le personnage d'Ann Darrow de 1933 (qui passe l'essentiel du film à crier). Notons que Peter Jackson est un fan absolu du King Kong original, et mon interprétation de cette scène ne correspond donc peut-être pas à son intention.
Une scène charnière du King Kong de 2005 est celle où Ann Darrow se retrouve face au dernier V. Rex survivant, et où Kong débarque derrière elle. À ce moment, Ann recule pour se réfugier sous Kong. Elle a "choisi son camp", et Kong baisse rapidement les yeux pour considérer cette action et constater qu'on lui accorde de la confiance et de l'importance (la motion capture à cet instant est parfaite). Imaginez un gros gorille seul sur son île depuis des années, primitif et aliéné, et qui voit soudain cette petite créature, une femme, lui accorder sa confiance, faire d'elle son gardien. Il n'y alors plus aucun doute sur la raison de son attachement à Ann.
C'est juste parfait.